Paul King, MS, P. Eng. VP Engineering, Rapid-Span Group et
Hellen Christodoulou, PH.D. Ing., B.C.L., LL.B., M.B.A. Directrice Régionale-Québec, ICCA

La Norme de certification de l’ICCA pour les ponts en acier, 3e édition, concernant les ponts complexes et les ponts simples, est conçue pour évaluer le système qualité du fabricant.

De plus, elle fournit un niveau d’assurance du fait que l’entreprise qui exécute les processus de fabrication a du personnel en place pour mieux se conformer aux exigences contractuelles et réglementaires. Cette norme traite des processus spéciaux et des exigences particulières en matière de fabrication d’acier pour les structures de ponts routiers et ferroviaires.

 

Quelles sont les exigences en matière de qualité prévues dans le Code des ponts

Dans la plupart des provinces et territoires du Canada, le Code canadien sur le calcul des ponts routiers (CCCPR) s’applique à la conception et à la construction des ponts.

Les dispositions du CCCPR sont destinées :

  • à assurer un niveau uniforme de sécurité, de durabilité et d’économie;
  • à faire partie intégrante de l’approche visant à assurer le maintien de la qualité de la construction; ‘
  • à veiller au respect de l’obligation de procéder à des inspections et à des essais pour vérifier la conformité aux plans.

Les dispositions du Code ont été formulées et étalonnées en supposant que des normes de construction élevées seront respectées. Si ce n’était pas le cas, il faudrait généralement utiliser des charges nominales plus importantes et des forces plus faibles, ou alors accepter des niveaux de sécurité moindres.

  • Les normes de construction élevées exigent : que seuls des constructeurs compétents et consciencieux soient chargés du travail;
  • que les plans comprennent des spécifications claires, complètes et pratiquement réalisables;
  • que les essais et la supervision de la construction soient de telle nature qu’ils garantissent la conformité.

 

Pratiques de construction traditionnelles ou modernes

Traditionnellement, les autorités dans bon nombre des provinces et territoires assuraient la conformité aux plans en ayant recours à une équipe d’inspecteurs hautement qualifiés. Le propriétaire employait ou retenait les services d’inspecteurs pour surveiller chaque étape de la construction et pour vérifier le respect du niveau de qualité spécifié.

Plus récemment, les pratiques de construction ont changé, de sorte que le constructeur doit assumer la responsabilité du respect de la qualité. Cela signifie que le contrôle de la qualité n’est plus entre les mains du propriétaire. Étant donné que les partenariats public-privé et les mécanismes d’exécution de type conception-construction sont de plus en plus répandus, tous les aspects de l’exécution du projet, y compris la gestion de la qualité, sont hors du contrôle direct du propriétaire.

Pour les produits préfabriqués et fabriqués en usine comme l’acier de structures ou le béton précoulé, un système doit être en place pour garantir que seuls des constructeurs compétents et consciencieux (y compris les sous-traitants) sont chargés des travaux. En l’absence d’inspecteurs à temps plein employés ou engagés à contrat par le propriétaire, on ne peut y parvenir qu’en exigeant que les usines maintiennent un système de gestion de la qualité vérifié et certifié par un organisme indépendant et accrédité.

 

 

Importance du Système de gestion de la qualité (SGQ)

L’organisme de certification doit vérifier que le Système de gestion de la qualité (SGQ) est spécifique au produit construit. Ce système doit également être suffisamment complet pour assurer le maintien de tous les aspects d’un SGQ entièrement fonctionnel.

Dans le cas de la fabrication d’acier de structures, aucun système de vérification et de certification n’existait par le passé. En 2010, le CISC-ICCA (avec le soutien de l’industrie) a répondu à ce besoin en instaurant un programme de certification complet propre à la fabrication de ponts en acier.

Pour obtenir la certification, les fabricants doivent démontrer qu’ils ont un SGQ documenté. De plus, ils doivent prouver qu’ils possèdent les connaissances, l’expérience, l’équipement et le personnel nécessaires pour fabriquer des ponts en acier conformément aux exigences du CCCPR et des normes W47.1 et W59.

Essentiellement, le programme de certification CISC-ICCA garantit que seuls des constructeurs compétents et consciencieux soient chargés de la fabrication de ponts en acier.

 

 

Annexe A10.1

L’annexe A10.1 est une partie normative (obligatoire) du CCCPR – les exigences en matière de construction qui sont jugées essentielles à la sécurité structurale et à la durabilité.

Conformément aux dispositions générales de la clause 1.4.4.6, la clause A10.1.1.2 exige que les fabricants disposent d’un SGQ complet qui répond aux exigences de la section 10, y compris le contrôle des ruptures.

A10.1.1.2

Les fabricants doivent disposer d’un système de gestion de la qualité (SGQ) complet et documenté. La norme de qualité doit être un programme de certification reconnu par l’industrie, portant expressément sur la fabrication de ponts en acier, et acceptable pour l’Autorité de réglementation. Le SGQ doit répondre aux exigences de la section 10 et doit comprendre un plan de contrôle des ruptures documenté. Dans le cas des ponts à poutre à une travée constitués de sections laminées sans épissures, ou de ponts piétonniers à une travée, l’Autorité de réglementation peut modifier les exigences de certification ou y renoncer.

Remarque : Un système de gestion de la qualité certifié par l’Institut canadien de la construction en acier, dans la catégorie des ponts en acier, est conforme à cette exigence.

 

Quelques considérations importantes :

  • La certification CISC-ICCA dans la catégorie des ponts en acier est expressément mentionnée comme étant conforme à l’exigence.
  • Bien que l’autorité de réglementation puisse accepter d’autres programmes de certification conformes, la certification CISC-ICCA est le seul programme qui répond actuellement entièrement aux exigences du CCCPR.
  • La certification CISC-ICCA ne remplace pas l’exigence obligatoire selon laquelle les fabricants responsables du soudage doivent être certifiés par le Bureau canadien du soudage (BCS) conformément à la norme CSA 47.1.
  • La certification CISC-ICCA et la certification conformément à la norme W47.1 vont de pair. En fait, il est obligatoire que les fabricants certifiés par le CISC-ICCA soient certifiés conformément à la division 1 ou 2 de la norme W47.1.
  • La certification conformément à la norme W47.1 ne porte que sur le soudage. Les exigences de certification conformément à la norme W47.1 ne comprennent pas d’exigences obligatoires pour un programme de gestion de la qualité. La norme W47.1 n’évalue pas les qualifications qui sont essentielles à la fabrication d’un pont, comme le contrôle des ruptures (clause 10.23 du CCCPR) et les exigences en matière de construction (annexe A10.1 du CCCPR).

Pour donner seulement 2 exemples qui montrent pourquoi une certification obligatoire aurait permis d’atténuer, sinon d’éviter complètement, les problèmes liés à l’exécution d’un projet :

 

PONT WATERDALE À EDMONTON (ALBERTA)
Coût initial155,0 M
Coût final (excluant les frais juridiques, estimés à 32 M)158,5 M
Coût d’achèvement prévu3,5 M
Date d’achèvement prévueSeptembre 2015
Date d’achèvement finaleSeptembre 2017
Retard24 mois

Certains des enjeux critiques de ce projet :

  • Retards de livraison et de fabrication des arcs en acier.
  • Défauts et lacunes à l’arrivée des produits fabriqués à l’étranger.
  • Livraison de modules mal dimensionnés et peints incorrectement.
  • L’inspection a confirmé que l’acier ne satisfaisait pas aux normes canadiennes.
  • Défectuosités ayant obligé à recourir à des entreprises locales de soudage pour effectuer des corrections et autres réparations.

 

 

PONT JOHNSON À VICTORIA (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
Coût initial63,0 M
Coût final (excluant les frais juridiques, estimés à 32 M)103,0 M
Coût d’achèvement prévu40,0 M
Date d’achèvement prévueJanvier 2015
Date d’achèvement finaleJanvier 2018
Retard36 mois

 

Certains des enjeux critiques de ce projet :

  • Retards de livraison et de fabrication de l’acier.Défauts et lacunes à l’arrivée des produits fabriqués à l’étranger.
  • Problèmes d’ajustement et plus de 75 soudures déficientes.
  • Du matériel a été rejeté.
  • L’inspection a confirmé que l’acier ne satisfaisait pas aux normes canadiennes.
  • Les défauts ont nécessité des plaques et raccordements boulonnés supplémentaires.
  • Nouvelle conception requise pour certaines sections.
  • Des fabricants locaux ont été consultés pour donner leur avis sur les mesures correctives.
  • Les mesures correctives ont nécessité des fermetures additionnelles du pont

 

Ce ne sont là que deux exemples, pris parmi de nombreux autres qui présentent tous des tendances constantes en matière de problèmes. Ces problèmes comprennent :

  • Retards de livraison.
  • Dépassements de coûts.
  • Poursuites judiciaires.
  • Défauts et lacunes.
  • Non-conformité aux codes et aux normes.
  • Nécessité de processus intensifs d’inspection et d’essais.
  • Des fabricants locaux ont été consultés pour résoudre et corriger les problèmes.

 

Leçons apprises

Dans un contexte de chaînes logistiques mondiales, tous les ordres de gouvernement font face à de nouveaux défis dans les domaines de l’approvisionnement et de la construction. Comme de nombreux produits préfabriqués, les poutres pour ponts en acier pourraient provenir de n’importe où dans le monde.

À l’heure actuelle, on ne peut plus présumer qu’un fabricant connaîtra les normes canadiennes de construction de ponts ou qu’il disposera des installations, du personnel et de l’équipement nécessaires pour se conformer aux exigences du contrat. De plus, on ne peut plus présumer qu’un fabricant se préoccupera de sa réputation à long terme. Enfin, le processus d’appel d’offres concurrentiel peut placer le prix au-dessus de toutes les autres considérations.

  1. Pour la conformité à l’intention et aux exigences de la section 1.4.4.6 du CCCPR, sur le contrôle et l’assurance de la qualité, l’inspection et les essais sont facilités si la fabrication est locale.
  2. Les fabricants certifiés selon la norme de certification CISC-ICCA pour les ponts en acier offrent le seul processus de fabrication qui répond actuellement entièrement aux exigences du CCCPR.
  3. Le Code national du bâtiment, le Handbook of Steel Construction et le CCCPR sont formulés en fonction de la qualité et pour garantir la conformité. En accord avec l’intention voulue, la certification offrirait cette garantie.
  4. Le CCCPR reconnaît l’interdépendance entre les exigences de conception et la qualité de la construction dans le maintien de la fiabilité et de la durabilité requises. Les exigences de certification des fabricants de ponts en acier sont considérées comme une partie essentielle des exigences du Code. Bien qu’une autorité de réglementation soit libre de modifier certaines parties du CCCPR ou d’y renoncer comme elle le juge approprié, elle le fait à ses propres risques.
  5. Parallèlement, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont de plus en plus répandues et les mécanismes d’exécution des projets changent. Les propriétaires ont moins de contrôle sur l’application des normes de qualité. Le risque de compromettre la sécurité et la durabilité s’est accru proportionnellement.
  6. Aux termes de contrats récents, c’est l’entrepreneur, plutôt que le propriétaire, qui doit assumer la responsabilité du « contrôle de la qualité ». L’engagement d’un fabricant certifié redonnerait un certain contrôle au propriétaire à titre de garantie sous-jacente de la qualité prévue du travail.
  7. De nombreux problèmes de qualité peuvent prendre des années, voire des décennies, à se manifester, ce qui peut entraîner une augmentation des coûts d’entretien et réduire les cycles de vie. Le CISC-ICCA a reconnu l’évolution de la situation et a pris l’initiative de créer un programme de certification de calibre mondial pour les fabricants de ponts, conçu pour répondre aux besoins propres du Canada.

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